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Monique de Roux

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Monique de Roux



Paris 1946 - vit et travaille en Espagne

L' EXOTISME RADICAL DE MONIQUE DE ROUX

Avant d'habiter Madrid, Monique de Roux a longtemps vécu au Panama. De cette période date une réceptivité extrême aux couleurs. Celles qu'elle dépose sur la toile sont comme des concentrés d'idées en couleurs. Leur force nous surprend, en même temps que leur subtilité nous intrigue.

En soi, l'intensité de la couleur pure, aussi violente soit-elle n'a guère de pouvoirs sur les sens si elle n'est pas assimilée par le regard d'un peintre ; puis restituée, après diverses manipulations, sur le tableau. Mais quand c'est le cas, et que cet artiste a su la goûter, l'éprouver, une mystérieuse alchimie la transforme alors en une vibration émouvante. Résultat de subtiles superpositions et de résonnances orchestrées, elle a gagné en richesse ce qu'elle a perdu en pureté (laquelle est un triste état, dénué de qualité ).

Aussi les formes que dessine Monique de Roux sont-elles, autant, les contours de zones colorées que des silhouettes d'objets, de fruits ou de personnages. Pour s'accorder à la plénitude de la couleur qu'elles cernent, ces formes s'arrondissent en volumes pleins et généreux. De la correspondance entre couleur et rondeur naît une opulence, une densité, un calme qui sont les attributs d'un pays imaginaire qu'on aurait volontiers situé du côté des Tropiques (avant que la grossière télévision ne vienne nous ôter nos dernières illusions).

Dans l'étrange Amérique Centrale de Monique de Roux, les fruits sont mûrs et charnus, les personnages sont placides et ils ont des gestes lents. Massifs, ils sont en harmonie avec les douces collines qui découpent l'horizon. Avec leurs animaux domestiques, ils font définitivement partie du paysage terrestre. Ils sont débonnaires et rassurants et comme assurés de leur pérénité. Ce pays qu'ils habitent, qui, par certains côtés nous semble si familier, est bien l'archétype de l'exotisme.

Alain Blondel











LE SONGE EQUINOXIAL DE MONIQUE DE ROUX

Les transformations dans les modes d'expression sont intimement liés aux changements et évolutions des contenus dont ils sont nourris. Les deux niveaux de l'œuvre, celui de la forme et celui de l'esprit sont inséparables et dépendent l'un de l'autre.

L'œuvre de Monique de Roux est un chemin riche et cohérent où cette dualité, celle de la référence en tant que voie du discours et celle du signe comme langage, est très nettement visible. Ce chemin commencé en 1965 à l'École de Beaux Arts de Paris, poursuivi à San Fernando de Madrid, a été profondément et obstinément marqué par la réflexion et la recherche, autant que par l'émotion et l'inspiration. Depuis sa première exposition en 1969 jusqu'à celle de Tórculo à Madrid de cette année 1999, et dans l'œuvre qu'elle va montrer chez Alain Blondel à Paris, le vertige heureux de la création que Monique de Roux entend comme une passion, s'entrelace avec une autoexigence extrême qu'elle reconduit et maîtrise.

Cet enchaînement si visible dans ses peintures, avec lesquelles elle se fit connaître en Espagne et qui immédiatement la rendirent différente - recherche intime dans la solitude, l'incommunication et les songes alertés par une très inquiétante accalmie surréelle, extérieure aux iconographies historiques du moment - deviendra plus tard panthéisme et d'une certaine manière ferveur sacrale et païenne de la nature. Des figures statiques et intemporelles, complexes, d'un lyrisme ambigu, lumières dramatiquement vulnérées, magie et éclairage qui libèrent de sombres inquisitions, avec Vermeer et Zurbaràn dans l'antichambre du sommeil.

Monique de Roux, à partir de la réalité construite et du bord du néant, avance dans un territoire où la révélation la plus inattendue est possible : fabulations solidaires et humaines soulignées comme des notes très précises, temporelles et souvent archétypes. Partant de l'austérité et de la maîtrise chromatique, avec la couleur comme un autre élément du langage des symboles, Monique de Roux arrive à une expression plus apaisée, rythmée et fruitée, affirmative et diaphane.

Le séjour de Monique de Roux pendant quelques années, avec de fréquents retours, dans l'Amérique meurtrie "donde la tierra brota y se derrama y cruje como una vena rota", comme l'écrivait le poète Pedro Mir, vient dessiner une subtile nervure qui divise ce qui nous semble être deux étapes différentes dans son œuvre, bien que les deux conduites esthétiques soient indisolublement attachées.
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